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La passion selon Saint-Mars - Gérard Adam

La passion selon Saint-Mars - Gérard Adam

18,00 €Prix
Roman, 2018

204 pages
ISBN : 978-2-8070-0171-8 (livre) – 978-2-8070-01725 (PDF) – 978-2-8070-073-2 (ePub)
18,00 EUR
 

Depuis la fermeture de la carrière qui le faisait vivre depuis la nuit des temps, Saint-Mars s’est assoupi à l’ombre de sa fameuse église romane, bercé par les joutes oratoires que se livre un duo d’inséparables, Stanislas le curé polonais et l’instituteur Socrate, athée de choc. Un soir, une algarade éclate entre les joueurs de cartes et les derniers jeunes du bourg. Les uns et les autres se mettent au défi de monter pour la prochaine Pâque une représentation de la Passion du Christ. Encore faut-il trouver un candidat pour le rôle de Jésus. Et c’est là qu’entre en scène « l’étranger », pour une aventure qui va métamorphoser en profondeur tous ses protagonistes.
Gérard Adam renoue avec la verve pseudo-régionaliste du Saint et l’Autoroute pour revenir sur les interrogations qui sous-tendent toute son œuvre d’agnostique dont l’enfance a été imprégnée de religion chrétienne.

 

Lien de l'ebook

L’abbé Stanislas a dû finir encore plus tôt que de coutume ses confessions du vendredi ; accoudé au bar devant sa vodka, il a entrepris Socrate et sa Maredsous dans une de leurs joutes foireuses où Ils ont des yeux pour ne point voir et Tu me fais rire avec ton Dieu s’insinuent entre beat, synthé, Be bop, pieds nus sous la lune, Sans foi ni toit ni fortune… Guillaume et le flic Antoine, à grand renfort de poings abattus sur la table, affrontent à la belote le camarade Constant et Henri le menuisier, Atout, Et l’as de cœur tu ne l’attendais plus celui-là mon cochon… Debout derrière eux, passant de l’un à l’autre pour supputer les coups, l’épicier Jules et Louis le bourgmestre épicent de leurs commentaires les triomphes et les lamentations.
Lucette accorde un signe de tête à l’unique inconnu, quelque randonneur attardé, attablé devant un coca près d’une des deux fenêtres. Le regard noyé dans le soleil de la place, il ne le remarque même pas. Elle caresse le crâne dégarni de son Guillaume, grimace à la vue du jeu qu’il éploie tant bien que mal entre ses doigts calleux, fait la moue à Constant et va s’installer contre l’autre fenêtre.
Marcel paraît à la porte de la cave, porteur d’un bac d’Orval. Il s’accroupit devant le frigo pour le remplir, se redresse et lorgne l’étranger d’un air suspicieux en se massant les reins. De noir vêtue, débardeur, minijupe et bas résille, Mado sort de la cuisine. Elle avise Lucette et lui verse la Leffe rubis qu’elle n’a pas commandée. Elle aussi, mine de rien, jauge l’étranger, sa trentaine basanée, son collier de barbe, son regard charbonneux, son nez quelque peu aquilin, ses longs cheveux noirs bouclés couvrant le col d’un tee-shirt sorti droit d’un magasin Oxfam.
Tout à coup, celui-ci a un mouvement d’impatience. Il vide le fond de son verre, fait claquer une pièce sur la table et sort comme s’il avait le diable aux trousses. Mado le suit des yeux, qui file vers la Petite ruelle. Puis elle va faire sonner le tiroir-caisse, y fourre la monnaie, le reclaque avec humeur et fait mine de s’absorber dans le nettoyage du comptoir.
Frappant du poing, Marcel se met à vitupérer.

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