Elle se gare à l’arrache sur le parking blindé du club de fitness au nom des plus original : « Le Club ». On dirait le nom d’un club échangiste, ce qui ne serait pas plus mal. Laurence m’oblige à la suivre au pas de course. À croire qu’elle va rater le train de sa vie. Et nous y voilà, exactement comme je l’avais imaginé ! À la réception une magnifique Barbie. Je ne savais pas qu’on en faisait grandeur nature. Je me demande à combien ils les vendent. Elle affiche un sourire de pub pour dentifrice spécial blancheur. Laurence lui fait la bise.
– Salut, Patricia, c’est la copine dont je t’ai parlé, on fonce au TAF de Manu, tu lui ouvres ?
Ni une ni deux, la barrière pivote et je continue ma course après Laurence, en route pour les vestiaires. Elle tire de son sac une tenue « qui m’ira très bien ». Hein ? Je ne vais tout de même pas porter ça ? Un legging rose flash qui ne se contente pas de laisser deviner la silhouette, et un top noir au logo fluo Nike, assorti à des baskets de la même marque. Il ne manque que le string par-dessus et on se fait le remake de « Véronique et Davina ».
– Grouiiiiiiiiiiiiiiilleuuuuuuuuuuu, le cours commence dans trente secondes.
Je suis, totalement résignée. Entrée fracassante dans la salle de cours, où Manu-le-beau-gosse nous fait un sourire qui vaut bien celui de Barbie. Décidément, ils doivent avoir des actions chez Colgate, ici !
– Salut, les filles, juste à temps, on va démarrer ! C’est la première fois que tu viens ?
La honte ! Tous se retournent et dévisagent « la nouvelle ». Je risque un coup d’œil derrière moi… Personne, c’est bien à moi qu’il s’adresse. « Heu, oui. »
[…] J’ai envie de m’enfuir, mais mes jambes ne me portent plus. Je suis figée sur place. Et là, musique à fond, les « autres » m’ont oubliée. Manu se trémousse sur son podium, « Allez les filles, on va se sculpter un corps de rêve pour l’été sur la plage ». Et c’est parti… à droite… à gauche… ah non, l’autre gauche… aïe… pardon. Un éléphant dans un magasin de porcelaine, l’expression prend en un instant tout son sens. Quinze minutes de « droite, gauche, devant, derrière, put your hands up in the air »… Enfin, ça se calme, je suis déjà au bout de ma vie. Encore quarante-cinq minutes, je veux mourir maintenant, trente-cinq ans, c’est un bel âge, non ?