Prénoms
C’était un man assis depuis trente-sept
minutes dans l’autobus occupé à parcelliser
le temps. Une parcelle pour le hockey.
Une pour les associés et le bureau. Puis une
parcelle pour discuter avec les enfants
et Linda.
Et ainsi de suite.
Alors, il a imaginé que la même parcelle
pourrait porter différents noms.
Pas comme un chien.
Pas comme son animal domestique.
Ce déjeuner tremblotait et lançait des étincelles
donc il pourrait dire de cette parcelle :
une pour le leitmotiv du jour.
Linda l’appellerait o, merde !
Les enfants l’effet stimulant des phrases. Quelque chose
comme une piqûre de moustique.
Ensuite, il est revenu à la parcellisation mais
en délimitant comme un arpenteur. Une pour
les films d’art. Et une encore pour
le rallye des phrases de Linda et des siennes, pour
le destin des petites vérités.
Avant de dormir il s’est demandé s’il pouvait
se serrer la main à lui-même afin
de marquer le Jour des outsiders qui ne figurent pas
sur le calendrier des saints.
*
Les biscuits
Tu m’as dit que j’avais oublié les biscuits
dans ta chambre, mais en fait c’est exprès
que je ne les ai pas emportés. De même que je n’ai pas pris
l’hibiscus de la salle de bains.
Mais c’est toi qui vas les manger, ai-je rétorqué.
Tu sais comment ? Tu as fait une longue pause.
Comme des hosties.
D’ordinaire ça ne te dérangeait pas que le corps
que tu allais recevoir ne fût pas celui du Christ.