Elle était partie. Loin. Du côté des étoiles comme disaient ses amis. Au pays du crabe, comme il grommelait en s’endormant. Les mois passaient et Tom Mills sombrait. La figure de son tendre amour effaçait le monde autour de lui. Il vivait un pas de côté, absent des rythmes légers de la vie. Il travaillait mais passait souvent plusieurs jours enfermé, espérant mourir d’un coup, comme on est désintégré dans les films de science-fiction.
Il s’habituait à ça aussi, et il se mit à mourir de moins en moins souvent. Il entendait toujours son magnifique rire traverser la pièce, la voyait endormie sur le canapé ; sa peau lui manquait, sa peau mate et chaude, son unique contrefort dans la vie. Il passait ses journées à scruter ses photos, écouter les enregistrements, aspirer en boucle les vidéos. Il tournait en rond, il s’éloignait de son centre, sans l’avoir décidé, il avait accepté l’idée de s’éteindre.
Les mois passèrent, le printemps revint. Un matin, Mills téléphona à l’hôpital où elle avait séjourné en phase terminale et demanda un rendez-vous. Le Professeur responsable du service d’oncologie lui en proposa un trois semaines plus tard.